Avoir un père gynéco comme personne ressource – Judith

Avoir un père gynéco comme personne ressource – Judith

Durant son parcours PMA, Judith a trouvé en son papa, ancien gynécologue obstétricien, la personne ressource dont elle avait besoin pour traverser le plus sereinement cette grossesse émotionnellement très forte. Son papa ayant disparu depuis peu, elle a voulu lui rendre un dernier hommage...

“Je m'appelle Judith, j'ai 36 ans.  
Je suis issue d'une famille de médecins qui sont aujourd’hui à la retraite : mon père était gynécologue-obstétricien et ma mère sage-femme. Je suis actuellement responsable marketing et communication dans une entreprise du CAC 40. 
Ma famille est composée de mon mari et mon enfant Gabriel, 4 ans. 

J'ai rencontré mon mari en août 2012, j’avais 25 ans. Après notre mariage en 2015, nous avons souhaité attendre avant de commencer à faire un bébé afin de voyager et de profiter de notre première année de jeunes mariés. Et, au fond de moi, je ne me sentais pas prête. Je n’avais pas cette « envie viscérale » dont certaines femmes parlent. Puis, en novembre 2016, j’ai arrêté la pilule que je prenais depuis 15 ans et nous nous sommes lancés dans l’aventure... Finalement c’est en 2019, après trois fausses couches et deux inséminations que je suis tombée enceinte. Une fois l’échographie du premier trimestre passée, j'ai senti le besoin de demander de l’aide à la psy de la maternité qui m’a ensuite suivie pendant tout le reste de ma grossesse. Elle m’a beaucoup aidée. Elle m’a conseillé d’écrire régulièrement mes émotions et mes peurs pour arriver à mettre des mots sur mes angoisses. Malgré ça, durant toute ma grossesse et jusqu’au dernier moment, je ne suis pas arrivée à me projeter. Je ne voulais rien acheter pour le bébé. Je ne voulais rien qu’on m’offre en lien avec le bébé. Je n’avais même pas dit à nos amis que j’étais enceinte. C’est comme si je voulais le cacher pour éviter le mauvais œil.   

Je pense que mes parents ont vécu un sacré ascenseur émotionnel durant cette grossesse qui n’a pas été facile, tant psychologiquement que physiquement. J’ai eu beaucoup de contractions à partir du quatrième mois donc je m’obligeais à me reposer et à faire très attention. Des fois, j’allais voir mon père, qui était ma personne ressource. J’avais besoin d’être rassurée et de lui demander d’écouter le cœur du bébé avec son stéthoscope fœtal. Et puis, dans la nuit du 26 au 27 décembre 2019, à 4 heures du matin, j’ai fissuré la poche des eaux. Je l’ai appelé et il nous a accompagnés, moi et mon mari, à la maternité. C’était bien du liquide amniotique que je perdais et il fallait maintenant attendre que le travail se mette en route. J’ai été mise sous antibiotiques pour limiter les infections. Je le revois me dire de monter et descendre les marches de la clinique pour accélérer le travail. J’avais de très grosses contractions mais le travail ne venait pas. J’ai passé la nuit du 27 au 28 décembre à souffrir comme jamais et, malgré les contractions, j’étais toujours à 1 de dilation ! Au petit matin du samedi 28 décembre, il a été décidé de me déclencher. Mon gynéco qui m’avait suivie durant cette grossesse s’était coincé le dos entre temps et me confiait au gynécologue de garde. 

Durant toute ma grossesse, j'ai dit à mon papa que j'aimerais que ça soit lui qui m’accouche. Il m’a toujours dit qu'il serait là, à côté de moi. Et puisque mon gynéco ne pouvait pas être présent, je me suis dit que c'était sans doute un signe du destin pour que mon père puisse lui-même m’aider à accoucher. J’ai donc été déclenchée le 28 décembre, au matin, et mon fils est né à 15h24. Un accouchement long et fatiguant, qui s’est terminé aux forceps, mais malgré tout un moment hors du temps grâce aux encouragements de mon papa, à chaque minute, et à son professionnalisme. J’avais toute confiance en lui et je me suis sentie sereine. Un sentiment que je n’avais pas éprouvé depuis le début de ma grossesse.  

 

Je sens ce lien éternel entre mon fils et mon père.

Si j'ai réussi à donner naissance à mon fils, c'est grâce à l'aide de mon papa qui, malheureusement, est décédé subitement il y a maintenant deux mois. Témoigner, c’est à la fois un hommage et une façon de continuer à le faire vivre à mes côtés, et une manière aussi de le remercier pour toute l’énergie qu’il a mise pour que cette grossesse se poursuive jusqu’au bout. Il nous a quittés mais il m’a laissé toutes les armes pour continuer du mieux possible.” 

Le tips de Judith

Avoir confiance en la vie. 

La pensée freestyle de Judith 

Aujourd'hui, mon papa me manque énormément et a laissé un grand vide autour de lui. Au début, on est meurtris par la souffrance du deuil parce qu’on se dit que cela ne sera plus, mais après on comprend qu’il y a des choses qui sont pour toujours. Que les instants merveilleux qu’on a passés ensemble, que cette onde entre nous, cet amour, ont une valeur éternelle. Parce que jamais rien ne pourra enlever le fait que ça a été vécu... Où qu’il soit, j’espère qu’il est heureux et qu’il veille sur nous, sa famille. 

 

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