Amandine a 28 ans quand on lui diagnostique une tumeur au niveau du col de l’utérus. Après une récidive et l’ablation d’une partie de son col, elle est saisie par l’urgence de concrétiser son désir de maternité. Et c'est un cerclage du col de l’utérus, posé pendant sa grossesse, qui lui a permis de porter son bébé jusqu'au terme.
“Je m’appelle Amandine, j’ai 32 ans.
Je vis sur le bassin d’Arcachon, je suis avocate.
Ma famille est composée de Thomas, mon compagnon, et de notre fille Agathe.
J’ai rencontré Thomas en juin 2019. Une amie m’a parlé d’un copain de copain qui travaillait dans le camping de ma ville. Elle m’a montré sa photo pour savoir si je le connaissais mais je ne l’avais jamais croisé... Et puis quelques mois plus tard, sur un site de rencontres, j’ai vu son profil. On a matché, discuté et on a fini par aller déjeuner ensemble. Dans la discussion, il s’est rendu compte que nous avions des amis en commun (et je lui avouerai plus tard que je savais déjà pas mal de choses sur lui). On s’est mis ensemble en juin 2019 puis, avec le confinement de mars 2020, on a décidé de se confiner à deux (au camping ! meilleur confinement), à 900 mètres de chez mes parents. Et ça a été finalement un bon test puisqu’après on a emménagé naturellement ensemble.
Je me suis toujours imaginée avec des enfants mais Thomas était plus pressé que moi qui me disais toujours qu’on avait le temps. Mais, en septembre 2020 j’ai appris que j’avais une tumeur cancéreuse au niveau du col de l’utérus. Ce jour-là, Thomas est venu me chercher au bureau et je me rappelle lui avoir dit dans la voiture : « Si je ne pouvais pas avoir d’enfant, je comprendrais que tu veuilles me quitter ». Et puis je me souviens avoir eu ce sentiment de redevenir une enfant et d’avoir juste envie d’aller chez mes parents et de leur faire un câlin. D’être juste avec eux et Thomas.
La tumeur a récidivé en juin 2021 et on a dû m’enlever une partie du col de l’utérus. L’équipe qui m’a opérée a pris en compte mon jeune âge (30 ans, à l’époque) et mon désir d’avoir des enfants. C’est à ce moment que j’ai pris conscience que la tumeur pourrait récidiver encore et encore, et nécessiter l'ablation complète de mon utérus. Le risque de ne jamais pouvoir avoir d’enfants grandissait et je n’avais aucun doute sur la force de notre couple, surtout après l’épreuve de mon cancer, seulement un an après notre rencontre, et la façon dont il m’a soutenue et prouvé que c’était bien lui mon partenaire pour la vie. Quelques mois plus tard, on se lançait dans l’aventure d’un projet bébé !
“On peut ne plus avoir de col de l’utérus mais porter un bébé et le voir naître à terme.”
Du fait de mon opération, je savais que ma grossesse serait différente alors j’ai fait les démarches nécessaires. J’ai été aiguillée vers des spécialistes qui m’ont expliqué avec une bienveillance incroyable que je devais subir une intervention à 3 mois de grossesse pour la pose d’un cerclage du col de l’utérus, appelé aussi cerclage de Benson. L’opération consiste à ouvrir le ventre comme on le ferait pour une césarienne et de poser le cerclage définitif autour du col de l’utérus pour le maintenir fermé et ainsi éviter les fausses couches tardives ou la grande prématurité.
En septembre 2022, je suis tombée enceinte et trois mois plus tard je me faisais opérer. Cette intervention est plutôt très rare sur le CHU de Bordeaux mais j’ai été prise en charge par une équipe incroyablement bienveillante, humaine et pédagogue. Tout s’est bien passé et après une bonne convalescence de trois semaines, j’ai pu poursuivre ma grossesse sereinement et travailler tout en prenant des précautions.
Je voulais absolument que le chirurgien qui m’avait posé le cerclage du col de l’utérus soit celui qui m’assiste pour faire naître ma fille, pour que la boucle soit bouclée. J’ai donc programmé la date de ma césarienne au 5 juin 2023, 8 heures... Pour me rassurer, je suis même allée voir ma sage-femme de ville, le 1er juin, pour faire un monitoring et m’assurer que je n’avais pas de contractions. Verdict : mon bébé faisait des extrasystoles* et je devais aller faire surveiller ça aux urgences de la maternité. Après plusieurs examens, les extrasystoles ont été confirmées mais pas alarmantes. En revanche, on a découvert un petit épanchement au niveau de son cœur et il a été décidé d’avancer la césarienne programmée… au jour même !
“J’ai eu cette chance d’avoir sur mon chemin des praticiens qui ont trouvé des solutions pour me permettre de réaliser ce projet d’avoir un bébé.”
Ok, il était 17 heures et je m’apprêtais à accoucher le soir même. On n’avait rien pris, pas même la valise de maternité. Dans la foulée, on m’a annoncé que le chirurgien qui m’avait opérée serait absent mais qu’il confirmait la décision d’avancer la césarienne et qu’il avait transmis toutes les instructions dues à mes antécédents. À peine le temps de m’installer dans la chambre de la maternité que je partais au bloc. Je me souviendrai toujours de ce moment où on m’a installée et mis de la musique tandis que je papotais avec Thomas... Et puis notre Agathe est enfin arrivée. J’ai entendu ses cris. Juste le temps de lui faire un bisou et on l’emmenait pour surveiller son petit cœur. Cette première nuit sans elle dans la chambre a été un mélange d’émotions... Quand je l’ai laissée à 3 heures du matin pour remonter dans ma chambre, après avoir passé quelques heures avec elle, mon cœur s’est brisé. C’est là, en la voyant avec ses électrodes dans son petit lit transparent, que j’ai réalisé que je l’aimais déjà d’un amour inconditionnel. J’ai repensé aux opérations et aux moments compliqués... ils en valaient la peine puisque c’était pour connaître ce bonheur immense."
Les tips d’Amandine
Essayer de rester optimiste.
Être bien informée et accompagnée.
La pensée freestyle d’Amandine
Il y a assez peu de témoignages sur le cerclage du col de l’utérus alors je voulais dire que ça existe ! Et que ça fonctionne ! On peut ne plus avoir de col de l’utérus mais porter un bébé et le voir naître à terme.
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(*irrégularités du rythme cardiaque)
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